Mindelo 14 Novembre 2009

La suite du voyage de NUAGES :

Dakar, même si je connaissais déjà, c'est quand même toujours le choc de l'Afrique noire. D'abord la misère partout dans la rue. Depuis 14 ans, je ne vois pas de changement sinon les téléphones portables. Gamins mendiants en haillons, handicapés qui traversent les rues à quatre pattes, SDF et/ou malades alongés à même la rue qui ne mendient même plus et sont assoupis (mourants ?) .. Les odeurs imprégnantes de poissons séchés, fumés, pourris, mélangées à des odeurs d'égouts ... Les couleurs, d'abord des pirogues puis des boubous des femmes... Les harcèlements des vendeurs de souvenirs qui se disent eux-mêmes collants comme des mouches mais pas agressifs comme les moustiques ... Les bruits de voitures, des cris ... L'élégance et la beauté des femmes ... (et sans doute des hommes aussi..) La polution de l'air due aux voitures mal réglées, à la poussière des rues ... La polution de la plage et de la mer transformés en poubelle et en égout ... La vie grouillante, souriante, bousculante, accueillante, fatigante dans les marchés ... Je suis content d'être à nouveau là. Je ne fais pas de photo dans dakar. j'aime me promener sans être pris pour un voyeur, passer le plus inapecu, essayer de ne pas géner.. Le cercle de voile de Dakar, où est mouillé le bateau est un havre de calme. Mais c'est un endroit pour voileux blancs. Les installations y sont simples, mais c'est agréable de boire une bière bien fraiche (surtout que le frigo du bateau a rendu l'ame) assis sous les arbres face au mouillage.

Mais pas question de se baigner. Un jour une petite frayeur : en revenant de la ville je vois que le bateau avait chassé sur son ancre. Ce jour là il y avait eu un peu plus de vent ... Je ne sais comment mais en chassant le bateau a évité cinq ou 6 bateaux sur sa trajectoire et s'est arrété avant de talonner. On rejoint vite le bord pour aller remouiller. En remontant l'ancre je remonte aussi un grand sac dans lequel l'ancre avait été prise, ce qui explique que le bateau ait chassé. Il faut dire que l'eau est tellement sale que même avec seulement 3m d'eau on ne voit pas le fond, et on ne peut se baigner pour vérifier l'ancrage Au CVD on rencontre des voyageurs comme nous. Certains se retrouvent scotchés là plusieurs années. Pas mal de bateaux en train de pourrir qui auront du mal à repartir. Chacun son histoire, ses envies .. Le marché aux poissons à côté de CVD est haut en couleurs, odeurs ...                                Les couleurs des levers de soleil sont magnifiques. J'aime me lever tôt le matin (René lui est un gros dormeur). Je reste assis dans le cockpit avec un livre et la frontale à contempler le jour se lever,                                faire un signe de bonjour aux petites pirogues qui vont ou reviennent de la pêche.                                Certaines sont vraiment petites menées par des vieux avec les pagaies.                               J'admire les vols d'espèces de canards-cormorans allant vers le Nord le matin (vers le sud le soir) formant des V parfaits dans un ciel flamboyant..

Plusieurs africains nous demandent de les emmener en voilier pour la France ou la martinique ou le Cap Vert. Il y a quelque chose de terrible de penser qu'il y a 400 ans on les forcait à partir et qu'aujourd'hui ils nous supplient ...

Aprés une semaine, départ le 31 octobre vers les iles du cap vert à 350 miles de Dakar. Aprés une heure de moteur, nous touchons 20 noeuds de vent nord-est. Le bateau marche bien. Bien après avoir perdu de vue les côtes nous apercevons une dernière pirogue qui parait bien petite dans cette mer avec le vent qui se lève. Nous sommes un peu brassés par la houle de travers avant, et nos estomacs ne réclament pas beaucoup de nourriture . Sur ce trajet nous apercevrons un seul cargo. Notre pêche sera bredouille. Au matin de la deuxième nuit festival de poissons volants, de vol de puffin et de sauts de bonites. Les bonites chassent les poissons volqnts qui pour échapper à leur prédateur se mettent à voler au desus des vagues, mais les puffins les attendent ....



On s'approche. On devrait voir la terre mais rien ne se profile. Je vérifie avec le radar que le GPS ne s'est pas trompé. c'est finalement à 3 miles qu'on apercoit l'ile de SAL. Nous arrivons à la tombée de la nuit pour mouiller à santa Maria (pointe sud de l'ile). Belle navigation de 2 jours et 8 heures. Comme à Dakar c'est le lendemain matin que l'on découvre ce qui nous entoure : d'abord une eau émeraude trés claire : on voit le fond à 6m, de grandes plages avec des hotels (bof). Le bain est bien agréable dans cette eau transparente à 26°. Promenade à terre. Contraste frappant avec Dakar : on ne voit pas de misère même si c'est pauvre. Les rues sont pavées, propres. L'ambiance est agréable. On a plaisir à flaner.                                                               Par contre il y a beaucoup de touristes. SAL est une ile plate, aride qui doit son nom à des salines, elle possède le premier aéroport international du Cap vert et de belles plages. C'est l'ile la plus touristique (grands complexes d'hotels et de résidences) mais pas la plus intéressante. Nous passons deux nuits, puis allons au mouillage à Palmeira, pour faire notre entrée officielle (immigration et police maritime) au Cap-Vert. Formalités vite expédiées dans des commissariats où les policiers jouent aux cartes pour s'occuper. J'ai bien aimé l'ambiance de Palmeira. Petit port de pêche et de commerce, avec un petit village alentour, rues pavées, gains qui jouent dans les rues, les chiens allongés passent leur temps en sieste..

On peut se promener sans etre abordés d'aucune manière.. C'est reposant. Un petit bar sur le bord, diffuse la musique capverdienne trés appréciée des locaux et de moi.                                Nous allons souvent à Espargos pour surfer sur internet, manger. Espargos est la "capitale" de l'ile. Petite ville sans effort sur l'architecture, mais trés agréable pour y flaner, boire une bière, avec un tout petit marché. Les gens vivent moitié chez eux moitié dans la rue. Il y a même du wifi sur la petite place. On y voit des jeunes avec leur PC, en général à 2 ou 3 par PC. Nous visitons la saline située dans un cratère. Tres spectaculaire. Je fais une longue balade dans des décors de désert à moitié lunaire... Nous rencontrons Toni, un navigateur solitaire, qui a déjà un tour du monde derrière lui, et des éclats de rire communicatifs. Là il repart à 68 ans, mais il ne sait pas où il va. Il n'a plus vraiment de but: un jour il nous parle des Christmas island dans l'océan indien, le lendemain de Saint Hélène, puis des antilles et y vendre son bateau .. Peut-être serait-il temps de t'arréter Toni. En tous les cas bon vent et sois prudent.. Je garderai de Palmeira le souvenir des sourires, l'ambiance paisible et tranquille.                                Puis c'est le départ le 8 novembre à 15h30 vers l'ile de Sao Nicolau distante 120 miles. Vers 1 heure du matin en prenant mon quart j'observe que le phare de la pointe Est de l'ile ne marche pas. A 4h je m'apercois que le phare de la pointe Sud ne marche pas non plus.. Heureusement que le GPS est là. Le matin je vois successivement 2 ailerons en enfilade d'un requin, puis une énorme raie qui fait 2 bonds hors de l'eau, puis de groupes de globicéphales. Par contre pour la pêche on est bredouille de bredouille... Vers 9 heures nous arrivons sur Tarafal le port de Sao Nicolau. L'ile est montagneuse et trés verte. Nous mouillons au pied de jolis canyons qui descendent du sommet de l'ile le Monto Gordo (1300m). C'est magnifique.                                Taxi collectif pour aller à la capitale (Rbeira brava). Les paysages sont magnifiques : désertiques mais verts en face sud, cultivés (mais, bananes, manioc café) en face nord, mais des pluies catastrophiques à l'automne ont emporté par endroit route et plantation. Ces pluies expliquent pourquoi l'ile est verte même coté Sud. A Sao Nicolau nous montons au Monto Gordo à partir de Cachaço. Je ferai une trés jolie balade : Praia Branca/Fragata/ribeira da Prata, Prai Branca. On part de paysage désertique puis on monte dans des petites plantation, on arrive à un trés joli col (les sentiers sont en général pavé mais trés trés raides!) de l'autre côté du col on voit des villages à flanc de montagnes accessibles seulement par ces sentiers. Trés jolie rencontre au col d'une femme portant un baluchon d'herbe sur la tête, pied nus et portant ses chaussures à la main, elle monte depuis un des villages, elles s'arrete tous les cinq pas. Elle m'avoue avoir 72 ans ! Un beau sourire et un échange de "Bom Viage", et nous continuons nos chemins en sens inverses ..

Jolie descente. Les jeunes des villages refont les sentiers emportés par les pluies. Les filles portent les pavés sur leur tête, les garcons les taillent et les placent sur le chemins. rencontre avec Erlinda, institutrice dans la crêche, qui trouve que la vie est bien dure sans électricité ni eau courante et qui me demande quand je repasserai .. Les gamins de la crêche courrent pour rentrer chez eux ... Ces villages me font penser aux villages du cirque de maffat à la Reunion. Sur les conseils de Toni, l'anglais rencontré à Palmeira, je fais la descente de Cachaço à Ribeira de Brava. Jolie descente dans les plantations de maisau son des cris des coqs qui s'interpellent les uns les autres. J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cette ile aux paysages si variés et ses habitants accueillants

Le 13 novembre nous quittons Sao Nicolau pour Sao Vicente (distante d'une petite cinquantaine de miles. C'est une des plus belles journées de navigation. Nous quittons tarafal à 7 h avec un bon vent de travers (nous prenons même un ris).                                Nous longeons les ilots Razot, Branco, l'ile de Santa Luzia et enfin Sao Vicente, superbes depuis la mer.

Nous arrivons à Mindelo. J'ai choisi d'aller à la nouvelle Marina, car je compte laisser le bateau ici au moins une semaine pour aller marcher dans l'ile voisine Santo Antao. La baie de Mindelo est très belle, offrant un bel abri dans lequel une quarantaine de bateaux (voiliers ou petits caboteurs en fin de vie) sont mouillés. Mindelo est notre dernière étape avant la traversée. Comme mon copain Claude le dit en montagne quand il y a du vide : la marche est haute, maintenant je me dis la marche est longue : Presque 4000 km pour rejoindre les antilles .. Mais chaque chose en son temps ..... Bisous. Daniel