Extrait de mon journal de bord

Mercredi 28 Avril 2010

Content de quitter Chaguaramas. taxi à 3h30 pour le vol de Trinidad à Ste Lucie, puis Fort de France. Entre deux nuages j'aperçois eastern Rock, Mustique, Bequiaa. De Fort de France, taxi pour le marin. déjeuner sur loustic avec Stéphane, Gérald et leurs amis. Siste à bord.

Jeudi 29 Avril

Arrivée de Sylvestre, le troisième équipier

Vendredi, Samedi, Lundi,

Course d'avitaillement, vérification du matériel, quelques petits travaux de matelotage. Sur les pontons on sent l'atmosphère de départ. des quipages plongent sous leur coque pour la nettoyer. Un feeling 39 part le même jour que nous.

Mardi 4 mai

dernière douche, dernier rasage. Plein d'eau. Départ à 10h15. Beau temps. Très vite on s'aperçoit que le vent est au nord-est. Il faut tirer des bords au vent de la Martinique. De nuit nous apercevons le phare de la presqu'ile de la Caravelle. Le vent monte à plus de 30 noeuds. Nous prenons 2 ris et la trinquette. Je suis brassé, et vomis. Nous voyons un paquebot sur notre babord et un cargo sur tribord.

Mercredi 5 mai

toujours à tirer des bords au vent des îles que nous n'apercevons plus. Nous navigons avec un ris et des tours dans le génois. En navigant sur le bord vers le NW nous croisons le feeling 39 parti en même temps que nous. Nous revirons derrière lui. Petite vacation radio (VHF) avec lui. Quelques grains, nous perdons de vue le voilier et continuons à tirer des bords. Le vent mollit Nous prenons le rythme des quarts. 3heures chacun, ce qui fait que d'un jour à l'autre les horaires changent.

Jeudi 6

Dans la nuit quelques grains, puis calme plat. Au matin 5 à 6 noeuds de vent!! le bateau n'avance plus. C'est décourageant et le peu de vent est au NE. Le routeur ne répond pas aux mail expédiés par radio BLU. Nous l'appelons par téléphone satellite. Il n'a pas reçu les mails; Bizarre. Le vent revient plus régulier, d'abord E puis à nouveau NE. Les grains nous épargnent en passant à côté. Les estomac s'étant habitués au mouvements du bateau, nous nous essayons à la pêche. Temps de dmoiselles. Pendant la nuit temps superbe puis pendant mon quart passage à proximité d'un grain, vent à 30 noeuds.

Vendredi 7 nmai 4ème jour de mer

Temps superbe, vent de 14 à 20 noeuds nous permettant de faire souvent route directe sur le waypoint donné par le routeur. Journée sans grain. Toilette au seau sur le pont avant. Je termine le livre de Modiano "Horizons". J'ai cru un instant l'avoir déjà lu. En fait c'était le deuxième Modiano que je lisais en 6 mois, il me rappelait beaucoup (trop) le précédent. Dans la nuit un cargo allant vers le Sud nous croise sur notre tribord. On voit bien la Croix du Sud. Sylvestre essaye de nous apprende à reconnaitre les constellations... Un oiseau passe la nuit sur les panneaux solaires et s'envole au petit matin. Joli lever de soleil pendant mon quart.

Samedi 8 mai

Encore une belle journée le temps ne parait pas long à passer. On boit un coup au 100 miles dépassés en 24 heures. On déjeune à l'intérieur car il fait trop chaud. Je lis beaucoup (HHHhH de Laurent Binet). A tous les trois on refait le monde. On discute souvent du droit et de la justice car Sylvestre est juriste de profession. La nuit le vent monte un peu (25 noeuds). On prend un ris et quelques tours de génois. Quart de nuit tranquille. Un cargo assez loin nous passe sur l'arrière.

Dimanche 9 mai 6ème jour de mer

Toujours du beau temps. Le vent baisse (moins de 10 noeuds), le bateau se traine. Dans la nuit le vent tombe . Le bateau est un bouchon sur l'eau. C'est décourageant. Il faut arrêter le pilote et barrer à la main. On aperçoit quatre bateaux.

Lundi 10 mai 7ème jour de mer.

Dans la matinée le vent monte un peu (10 à 12 noeuds). Le bateau avance à 3 noeuds. Le moral remonte. Il faut savoir se contenter de ce que l'on a. On ne met pas de ligne dans l'eau, sans doute nous n'y croyons plus. En 24 heures nous avons parcouru 63 miles!! Dans l'après midi le vent monte à 15 noeuds. Il fait un temps magnifique, la mer très belle. Un temps de demoiselle; Douche sur le pont. Bonne ambiance à bord. On discute droit, politique et évidemment bateau... dans la nuit Gérald me réveille pour prendre un ris. Quart tranquille. Le bateau avance bien sous un ciel d'étoiles. On voit 4 bateaux pendant la nuit.

Mardi 11 mai 8ème jour de mer.

Nous voilà parti depuis une semaine. Il fait toujours très beau avec du vent (plus de 2à noeuds). Cette semaine est vite passée. Le pilote fait des siennes. Il va falloir le démonter. On téléphone au routeur pour savoir s'il y a bientôt une zone de calme pour réparer. J'ai fini le livre "HHHhH". Très bien ce récit historique où l'auteur est lui même un personnage. Agréable à lire et poignant à la fois car il interroge sur l'utilité des actes de bravoure. Journée agréable. Par mail on a des nouvelles de SIRIOS (avec Josiane et Patrick) et de Seb qui est sur un feeling 10.90. Ils sont partis quelques jours après nous. Sirios d'Antigua, Fred de Saint Martin.

Mercredi 12 mai

Toujours du bon vent (un ris et génois avec quelques tours). Jolie mer sous le soleil. Elle se creuse un peu. Le vent refuse et nous perdons quelques miles vers l'ouest. J'ai commencé "Voyage au bout de la nuit de Céline" Une belle charge contre la guerre, la bourgeoisie. Bien écrit, le style est parfois un peu viellot. En fin d'après midi, il fait plus frais. J'enfile une petite laine. La première depuis les Canaries! En fin de journée cela remue pas mal dans le bateau. cela tape sur les toles de la coque avec un bruit particulier. Je trouve mon quart long, long. Gérald m'avoue que pour lui cela a été de même. Rien vu de toute la journée et la nuit.

Jeudi 13 mai 10ème jour de mer.

Ce matin vacation redio avec Sirios qui nous gratte dans l'E. mais il est encore à 120 miles. Patrick a du monter dans son mat pour décoincer un coulisseau. Seb a eu des problèmes avec son pilote (capteur d'angle en panne. I a du reconfigurer son pilote). Matinée très belle, nous gagnons en cap. Le routeur nous annonce que demain les vents devraient être à l'W mais très faible et un peu forçir par la suite. On pourra alors enfin viser les Açores. Très bel après midi. on aperçoit des méduses à voile. Une partie du corps est gonflé d'air et sort de l'eau. Cela sert de voile. A 17 heure le vent tombe. Comme notre autonomie en carburant est faible on appelle le routeur pour savoir si c'est là que l'on doit mettre le moteur ou attendre le vent.. On met le moteur à 17h30. Comme on s'y attendait, le pilote tombe en rade. Nuit très calme à barrer. Cela faisait 48 heures que le bateau, très stable sur sa route, était barré par un sandow. Par mail Seb nous annonce qu'il va abandonner son bateau à cause d'un problème avec son safran. On imagine ses émotions...

Vendredi 14 mai. (90 miles parcourus)

Vers 8 heures le vent se lève. On arrête le moteur. C'est une très très belle journée. Le vent est enfin passé au NW. On vient de franchir une porte. Depuis 10 mois je n'avais jamais eu de vent venant de l'ouest. On aperçoit un voilier et un porte container. Gérald change le moteur du pilote et tout repart. Que du bonheur cette traversée. On arrose cela avec un petit blanc à l'apéro de midi. Puis le vent tombe à 6 noeuds. Il refuse et passe au NE. Pile de face. C'était trop beau.On tire un bord vers l'W. On aperçoit 2 porte container et un cargo dans la nuit. Pendant mon quart j'ai terriblement sommeil. Par mail seb nous dit qu'il est sur un cargo Sri-Lankais ...

Samedi 15 mai 12ème jour de mer (45 miles effectués en ligne droite !!, 72 miles avec les bords)

Au matin très peu de vent. On met le moteur en milieu de matinée Festival d'un paille en queue qui fait mine de se poser sur le bateau. On voit ses taches noires sous les ailes. beaucoup de méduses à voile. La mer est plate, aucune ride, mais de la houle lente. On stoppe le moteur pour la baignade. L'eau est encore bonne : 23°6. En plongeant du bateau on ne risque pas de toucher le fond ! Il y a 5000 m d'eau sous la quille. On en profite pour se savonner. Le ciel sans nuage nous permet de voir le soleil se coucher dans l'eau. Mais pas de rayon vert. L'eau se ride par le NW. On aperçoit 3 ailerons de gros dauphins? globicéphales ou orques? A minuit pour mon quart le vent se lève un peu. On arrête le moteur. On se dit que cette fois on a passé la porte et laissé derrière nous l'anticyclone. Quart agréable sous voile après 14 heures de moteur. Joli ciel étoilé.

Dimanche 16 mai 13ème jour de mer (97 miles)

Le vent monte peu à peu de l'W. Un ris, puis deux. (pointe à 30 noeuds). On retrouve l'ambiance des alizés de la transat aller. Pas vu de bateau depuis plus de 48h. Ce matin 2 poissons volants, échoués sur le pont, ravissent Sylvestre. Un des poissons sert d'appat au vif mais sans succès. Toujours très beau temps. C'est agréable de sentir le bateau bien avancer (plus de 5 noeuds) au portantb dans la direction choisie. Mais le vent baisse peu à peu. La houle rend pénible la vie à bord. Sylvestre est barbouillé. A 3 heures pendant mon quart j'enlève les deux ris. A -h on met le moteur en marche. C'est un peu la déception de retrouver la pétole. On croyait avoir franchi une porte. Il n'en est rien.

Lundi 17 mai 14ème jour de mer (106 miles)

Pas de vent ce matin. On croyait avoir franchi l'anticyclone, mais il reste encore des bulles à franchir.. SIRIOS nous a dépassé. A midi le vent se lève de SW à 13 noeuds, suffisament pour arrêter le moteur. C'est encore un temps de demoiselle. Gérald se coince un doigt dans un taquet de bosse de ris. Les fins d'après midi sont fraîches (laine ou polaire + pantalon. Quart de nuit tranquille, le bateau avance à 4 noeuds.

Mardi 18 mai 15ème jour de mer (112 miles)

Matinée toute grise le vent un peu tourné vers le Nord mais a plutôt faibli (1é noeuds). On tranvase du Gas-oil des Jerrycans dans le réservoir. On rajoute une heure à nos montres. Au déjeuner : riz cantonnais à la mode Sylvestre : fameux. En 24h 112 miles c'est pour l'instant notre record. Le ciel se dégage et c'est toujours un temps de demoiselle. Houle de plus de 2 mètres mais très douce.

Discussion sur les bateaux, les voyages. Que faire après les voyages.. Le soir repas de fête (cuisse de canard et bourgeil 2003) car on a fait autant de miles que ce qui nous reste en théorie à faire. Le vent est très faible. Je barre une bonne partie de mon quart. On retrouve les puffins qui quoique un peu trapus, ont des ailes très fines et un vol très élégant au ras des vagues. Nuit étoilée.

Mercredi 19 mai (16ème jour de mer) (56miles en ligne droite !!!)

Il fait toujours très beau, plus frais mais grand soleil. Toujours peu de vent (6 à 7 noeuds) qui vire vers l'E. Dans la nuit on avons viré de bord pour remonter vers le NW. Mais le bateau ne marche pas bien dans ces petits airs.. SIRIOS est au moteur. Nous mettons le moteur vers 12 h. J'ai fini "Voyage au bout de la Nuit" de Céline. Livre très prenant, un peu déprimant car pas beaucoup d'espoir dans ce voyage. Ce n'est pas du cynisme mais du désespor. On voit une tortue et un souffle de baleine. Téléphone à Nadia pour ce triste anniversaire. On se met en cape sèche (on abat les voiles et on se laisse dériver). En attente de vent lebateau bouchonne, nous dérivons à peine. repas tranquille. Quelques méduses nous accompagnent au gré de notre dérive. C'est un peu irréel d'être au milieu de l'atlantique sans vent sans voile, un peu au mouillage... A 3h du matin, au début de mon quart, on remet les voiles. Vent de 10 noeuds toujours de l'E mais il doit virer SE d'après le routeur. Joli lever de soleil sous la couche de nuages. Pendant son quart Gérald a aperçu une lueur de bateau : la première depuis 4 à 5 jours !

Jeudi 20 mai 17ème jour de mer (52 miles !!)

Sylvestre aperçoit des dauphins pendant son quart matinal. Le temps est couvert en matinée puis se dégage. Le vent est là sans être trop fort (entre 15 et 20 noeuds). C'est une magnifique journée pour demoiselle. Au point de midi 52 miles parcourus. On ne pouvait espérer mieux après après la mise en panne pendant 9 h. On aperçoit une tortue morte ou endormie?. Nous n'en revenons pas de la clémence du temps. Je trouve cette traversée (au moins jusque là) plus agréable que la transat aller. Gérald aussi. Pourvu que cela dure.. Toujours pas pressé d'arriver. La mer est belle et le bateau marche bien, équilibré sous voile, piloté par un simple sandow. Le vent toujours de SE monte pendant mon quart, le bateau va vite (pointe à près de 7 noeuds). pendant mon quart je vois un voilier qui marche très bien et nous dépasse. J'aperçois aussi un cargo qui va en sens inverse. Gérald et Sylvestre prennent un ris dans le quart suivant car le bateau commence à taper dans la mer (25 noeuds de vent apparent).

vendredi 21 mai 18ème jour de mer (123 miles)

Encore une très belle matinée. Le vent baisse un peu, la mer est belle : plat d'argent face au soleil. On enlève le ris. A mi journée on a fait 123 miles en 24 h. Notre record. Nous sommes à 900 miles des Açores. La météo devrait se dégrader ce week-end : pluie demain soir, vent de face dimanche. Qui vivra verra .. Après midi à lire "Sans un Mot" de Hablan Coben.Cela se lit très bien en navigation bien que les personngaes soient stéréotypés. En fin d'après midi, à l'approche de la nuit, on attend le passage d'un front. On prend un ris et quelques tours dans le génois. Quart tranquille sous un ciel couvert. Pas de bateau en vue.

Samedi 22 mai 19ème jour (117 miles)

Matinée très grise. Est-ce le front? Le vent tourne au S. Un peu de crachin, puis quelques grains. On croise un bance d'une cinquantaine de dauphins qui nous ignorent. Ils doivent être en chasse. Certains sautent. Pourquoi? Un petit calamar sèche sur le pont. Le ciel se dégage, on enlève le ris. Je commence le livre "11 minutes" de Paulo Coehlo. Discussion avec Sylvestre qui a beaucoup aimé ce livre sur le sexe et l'amour. Le vent baisse petit à petit et tourne au SW.. cela ne nous arrange pas. A 17h nous baissons toutes les voiles, et attendons que le vent revienne. La bascule de vent associée au front devrait se passer cette nuit. Le bateau bouchonne dans un fort roulis. Nous mettons le moteur pendant le reps pour que cela soit plus confortable. Gérald me réveille pendant son quart pour remettre de la toile, mais sans succès car le vent retombe. Pendant mon quart je finis "11 minutes". La fin est plus intéressante que le début : réflexion sur le désir, le plaisir, la douleur, le sexe chez la femme. A la fin de mon quart avec Sylvestre nous remettons la voile. le vent monte du NE et nous prenons vite deux ris. Le vent est établi entre 20 et 25 noeuds. Il fait gris.

Dimanche 23 mai 20ème jour de mer (34 miles)

Croyant être le jour de la fête des mères, j'appelle la mienne, à ce moment là nous voyons une baleine qui nous dépasse à 20 mètres du bateau. Conversation brève avec Bruno. Le ciel et la mer sont gris. La mer se forme petit à petit. Nous sommes au près avec une route au 120°. Le routeur nous dit que faire une route au S n'est pas grave, car les conditions dans le nord seront fortes. Je suis à l'aise dans le bateau. Gérald n'a pas grand moral. C'en en est fini de la transat de demoiselles. Je commence le livre "L'Ombre du Vent" de Carlos Ruiz Zafon. Journée un peu "Qu'est-ce que je fais là?" Il fait gris, la mer devient mauvaise, le vent monte et refuse (2 ris+trinquette entre 25 et 30 noeuds). Nous faisons 150° au compas alors que la route directe est au 50°. Nous ne virons pas pour tirer vers le N, car une grosse dépression arrive et on a intérêt à être positionné au Sud. Quart de nuit de 21h à minuit où j'ai très sommeil.

Lundi 24 mai. 21 ème jour de mer (87 miles parcourus mais vers le SE!!)

Journée encore bien grise. On aperçoit un voilier qui tire un bord vers le nord avec sa voile de gros temps orange. Il va aller vers le centre de la dépression Nous nous allons vers le SE pour l'éviter (merci M. le routeur). Prévision du routeur : Une grosse dépression avec vent de 45 à 55 noeuds va passer au nord. Nous, nous devrions toucher du 25 à 35 noeuds. Pour l'instant nous faisons toujours du SE et attendons la bascule de vent W pour la nuit. Le vent souffle toujours ENE à 20 noeuds (2ris et génois avec 5 tours). Ces deux dernières journées ne sont pas drôles (temps gris, et on avance très peu vers l'objectif). La mer s'est aplatie, mais on aimerait faire le cap direct sur les Açores pour que chaque mile parcouru soit un mile utile. Je garde pantalon et sweat toute la journée. Le soir je suis un peu brassé. Au repas du soir on parle mai 68, Larzac ... Pendant mon quart (Minuit-3h je remets le moteur. Le vent est complètement tombé, de gros grains noirs éclairés par une lune qui joue à cache-cache. Sylvestre remet de la toile à 4h.

Mardi 25 mai 22ème jour de mer (70 miles)

Matinée pluvieuse puis toute grise. Les nouvelles en provenance du routeur ne sont pas terribles : Il nous demande de faire route route au SE pour qu'on s'éloigne du centre de la grosse dépression qui doit arriver jeudi (vent 25-35 noeuds pour nous, 55 noeuds dans la dépression. Cette dépression va durer 3 jours ! Nous sommes alors vent arrière avec un vent trop faible (10 noeuds). A midi on met le moteur. C'est un peu le calme avant la tempête, la veillée d'arme. Ce matin petit groupe de dauphins qui restent dix minutes à jouer dans l'étraveau grand plaisir de Sylvestre. Dans l'après-midi le vent monte, nous tangonnons le génois. En fin d'aprèsmidi 2 ris et quelques tours dans le génois toujours tangonné. Pas trop d'ambiance car on attend du gros vent pour le surlendemain. Le détecteur de radar sonne, nous indiquant la présence d'un bateau mais on ne voit personne. Gérald me réveille un peu avant mon quart pour détangonner . Le vent souffle alors à 30 noeuds établis. Un peu sportive la manoeuvre..

Mercredi 26 mai 23ème jour de mer (110 miles parcourus, 80 miles utiles)

Le matin le vent tombe un peu 25 noeuds établis, cap toujours au 110. Le routeur nous indique pour les jours suivants moinds de vent que prévu, sauf pour samedi . Le moral remonte d'autant plus qu'il y a du soleil. (on est quand même en sweat et en pantalon). Parfois la mer est bien formée. Creux de 2m. Beaucoup de moutons pas encore de déferlantes. Belle aprés-midi, le bateau sous 3 ris et trinquette. je ne trouve toujours pas le temps long. C'est très agréable. Quart tranquille sous la lune presque pleine. très beau clair de lune sur la mer. Le vent baisse (15-20 noeuds), je roule la trinquette et envoie le génois.

Jeudi 27 mai 24ème jour de mer (115miles, 80 miles utiles)

Très belle matinée, le vent a molli, la mer s'est aplatie. On attend les nouvelles du routeur pour relancer la toile. Route au 100. Le gros temps est prévu pour samedi (35 noeuds, houle de 3,3m). Gérald préfère garder les 3 ris. Le ciel, parsemé de cirrus, se voile de plus en plus. Le soleil est caché. Nous apercevons un cargo sur tribord. Il branche son radar après nous avoir vu. Un peu avant la nuit on roule le génois et sortons la trinquette. Le livre "L'Ombre du Vent" m'accapare. Pendant mon quart le pilote fait un drole de bruit. On l'arrête et on barre. vent 25 noeuds.

Vendredi 28 mai 25ème jour de mer (126 miles, 120 utile)

Réparation vaine du pilote : on change les galets, mais rien n'y fait, on redémonte, on les change de sens, en vain. En fait Gérald comprend que les pièces de rechange laissées par l'ancien propriétaire étaient déja usagées et donc usées!! On sera obligés de barrer jusqu'au bout sauf si on est au près dans ce cas la le sandow nous relayera! Toute la journée des grains sans beaucoup de pluie avec du vent à 35 noeuds sous les grains, sinon vent 25 à 30 noeuds. Je passe beaucoup de temps à barrer. On met veste et pantalon ciré. La mer se creuse, mais pas encore dangereuse (2m50 max). Discussion sur le "raisonnable" et l'éducation des enfants .. On se relaye à la barre. Sylvestre fait du riz sauce noix de coco. Pas mal.. On aperçoit des dauphins qui sautent. Il faudra barrer jusqu'à Horta. Dur dur.. On fait des quarts de 2h30 pour ne pas être trop fatigués. Le plus dur est dans la nuit d'enfiler sa veste de quart humide, pour ne pas dire mouillée (pas encore trempée..) Le routeur nous annonce du vent 30 noeuds pour samedi et dimanche (un peu moins fort que les premières prévisisons, mais plus longtemps). Je n'ai pas lu de la journée, ni fais de Sudoku (pas le temps depuis que l'on barre..) dans le bateau cela cogne. Dans la couchette j'ai l'impression de grand vent et grosse mer. En fait, en sortant on est plutôt rassuré.

Samedi 29 mai 26ème jour de mer (130 miles, 120 utiles)

Toujours du ciel gris. Vent établi varie de 25 à 30 noeuds. De la pluie. La mer est grise, le ciel gris. On est à 360 miles de Horta. Toujours trois ris et trinquette. Cap au 70° (presque sur la cible). La mer est moins forte que prévue. Je trouve mon quart en fin d'après midi long, long.. Une sterne m'a tenu compagnie. Sinon pas de trace de vie autres que les méduses caravelles portugaises: étonnantes ces bestioles à la fois dans l'eau et dans l'air. Le vent baisse un peu dans la nuit. Mais gérald (trop?) prudent ne veut pas remettre encore de la toile, au désespoir de Sylvestre peut-être plus impatient d'arriver.



Dimanche 30 mai 27ème jour (120miles, 110 utiles)

On est à 250 miles d'Horta. Le vent en matinée a faibli à 20 noeuds. Il reprend un peu ensuite. A midi on roule la trinquette pour remettre le génois. SI on veut arriver pour mardi avant la nuit il faut faire un peu de vitesse. Toujours le ciel gris, moins de pluie. Les prévissions météo sont bonnes pour les 3 jours à venir. Aujourd'hui fête des mères, j'appelle la mienne et sans succès mamita. J'ai fini l'"Ombre du Vent" : il m'a beaucoup plu, très vivant, personnages sympathiques, histoire autour du livre en Espagne .. J'ai commencé "Le liseur" de Bernard Schlink. Le bateau avance bien, on voit des dauphins. Pendant mon quart j'aperçois un cargo sur babord.

Lundi 31 mai 28ème jour de mer (128 miles, 128 utiles). Il reste 128 miles à parcourir. On devrait arriver demain. Cela commence à sentir la fin ... Pas vraiment d'arriver... J'aimerais quand même voir mes mails. Un peu triste de quitter le bord à Horta. On tangonne le génois, on est en route directe sur Horta... Dans la nuit le vent monte. Nous enlevons le tangon et affalons la grandvoile sous 40 noeuds de vent. Nous continuons sous trinquette seule et sous la pluie... les quarts sont pénibles. Gérald voit une rafale de 50 noeuds et une grosse déferlante le doucher. Sylvestre me réveille car le vent a tourné et il faut manoeuvre la trinquette et bastaque.. Gérald me réveille car on peut remettre de la toile. Bref je n'ai pas beaucoup dormi ..

Mardi 1er juin, 29ème jour de mer

Le vent tombe dans la matinée. Nous ne savons pas quelle est la nature du gros temps de la nuit dernière : dépression secondaire, ou grains .. Nous mettons le moteur vers 15h pour assurer une arrivée de jour. J'aperçois la teere plie 4 semaines après notre départ. Nous apercevons la Caldeira qui nous cache le port. Le plafond est bas, l'ile parait très verte. Quelques dauphins nous souhaitent la bienvenue. Nous affalons la voile, rentrons dans le port d'Horta, quelques bateaux sont au mouillage. On se met à couple (4ème bateau) sur le quai d'accueil. Il est 18h UTC. Gérald et moi ne mettons pas le pied à terre. Pour moi cette nuit, plus en navigation, mais pas encore à terre est un sas dont j'ai besoin pour terminer cette traversée. J'ai l'impression d'être à Guernesey (où j'étas en solo en 2003) : plafond très bas, il fait frais et humide, le port est calme, tout est à découvrir.

Mercredi 2 juin premier jour à terre et jours suivants

La nuit a été réparatrice de sommeil. Pas de quart, bateau immobile, grand silence, profond sommeil.. Lever tôt, balade en solitaire sur les pontons et en ville (une voiture glisse sur les pavés humide, monte sur le trottoir et a failli me renverser). café dans les bistrots.. Je retrouve Michel sur Hoenir (parti en solitaire de Trinidad pour l'Irlande nonstop, il relache à Horta à cause du mauvais temps), Marilène sur daam-dour (je l'avais rencontrée à Trinidad. Elle arrive avec un skipper et son fils en transportant les cendres de son mari), Patrick et Josiane sur SIRIOS. Je reconnais beaucoup de bateaux que j'avais déjà aperçu dans des escales précédentes : Eolica, Fidelio, Dame des tropiques, caprice à deux, et d'autres. Il faut dire que Horta est une étape obligée sur la route du retour des Antilles. Le port est archi plein, beaucoup de bateaux très différents, on a plaisir à parcourir quais et pontons, à y découvrir les logos laissés par les bateaux de passage qui nous ont précédés ... Beaucoup de discussion sur les pontons par rapport au mauvais temps. Gérard en solo, a du abandonner son bateau et a été récupéré par un autre solitaire à 4 jours d'Horta.. Rangement et nettoyage de LOUSTIC Sylvestre retourne en France pour une semaine. Petite balade à pied le matin, je retrouve le plaisir de marcher. Au revoir à LOUSTIC et Gérald, et à Michel.. Le vol Horta-Lisbonne, Lisbonne Lyon termine cette superbe traversée très variée dans une très bonne ambiance.