Après avoir quitté Sébastien samedi, il faut se remotiver pour partir seul. La météo ( avec Arnaud) ne prévoit pas un départ avant lundi aprés midi. Promenade dans Cadix, lecture (autobiographie d'Angela Davis écrite à 30 ans. Qu'est-elle devenue ?). Je fais du WiFi sur la place Mina à la terrasse d'un café. C'est sympa, beaucoup de jeunes se connectent avec leurs portables sur le WiFi de la ville.Café et WiFi à Cadix Dans les petites rues, on me propose du hash. Je dois paraitre vieux routard!. Le lundi matin le vent faiblit un peu. Je m'interroge sur un départ imminent. Je vais sur la jetée regarder l'état de la mer et du vent. C'est toujours fort, surtout la mer est forte (Cadix fait un entonnoir). Ces hésitations de départ, quand la situation est limite, minent un peu le moral : anxiété d'un départ avec des conditions trop fortes, ou regret de ne pas être parti alors que cela s'avère de bonnes conditions. Bref je décide d'attendre encore que cela baisse. Bien m'en prend, l'après midi cela se renforce. J'attends l'accalmie jusqu'à 22h. Je me couche et décide de ne partir que le lendemain mardi. L'accalmie viendra à 3h du matin.

Je démarre à 8h le mardi 19. C'est dur de larguer les amarres, mais cela va tout de suite mieux. Deux heures de moteurs pour se dégager de l'entonnoir de Cadix. puis le vent se met au SW à force 4. C'est un régal: le bateau glisse à plus de 6 noeuds. Par contre j'ai un courant contraire tout au long. Je vise Lagos. le moral est au beau. Quelques petites averses de front froid (j'imagine.) La visibilité est réduite. Puis le vent refuse. Je ne vise plus Lagos. Je me détourne d'un chalutier visiblement pressé de rentrer au port. Un peu aprés, vers 18h30 je rentre dans les eaux portugaises et hisse le pavillon de courtoisie portugais. A bientôt l'Espagne. Le vent tout en refusant monte d'intensité à 20 noeuds. Je prends un ris. La bosse lâche, je prends donc le deuxième ris. Je ne le regretterai pas. Je me fais rincer par une vague (puis par plusieurs, mais la première est toujours la plus traîtresse). Un peu avant la nuit je vire de bord pour tirer au large. Le vent monte. La pleine lune m'accompagne toute la nuit. Cela rassure cette lumière qui s'étale largement sur les vagues. La nuit est vraiment inconfortable. Le bateau est chahuté, il tape fort dans les vagues. Sur ce bord le vent adonne au fur et à mesure. Le bateau prend alors de la vitesse (7 noeuds) et tape encore plus fort. Il faut corriger le cap du pilote pour le ramener à un cap de prés plus serré. Le bateau a 2 ris et le génois en partie roulé. Le vent atteint 25 noeuds par moments. Je ne peux pas dormir. Heureusement que je sais que le vent va baisser. Vers 4h le vent faiblit. Je n'ai guère avancé, car le vent ayant adonné je me retrouve quasiment aussi loin de mon but. A 5h voulant remettre le moteur, une panne m'oblige à le stopper. Au lever du jour, calme plat, sans moteur, à plus de 20 miles de tout port. Aprés une nuit musclée, ras le bol ! Puis un peu d'air se lève force un et de face !. Je vais passer ma matinée à tirer des bords dans un vent qui montera au fur et à mesure. Je préviens le port (Vila Moura) que j'arrive sans moteur. En arrivant dans l'avant port, il y a deux zodiacs qui m'attendent. Un des marineros monte à bord pour aider à la manoeuvre, le zodiac me tire. Ouf le bateau est amarré. Super accueil. Je suis vraiment soulagé. Le mécano mettra une demi heure à me réparer: purge et décrassage du syphon. Les marineros et le mécano seront les seuls portugais que je verrai à cette escale. Vila moura est une ville anglaise dans le portugal. Même les serveuses du restaurant sont des anglaises (ou américaines). C'est complètement artificiel. A éviter. Je suis fatigué et me couche tôt. Le lendemain jeudi 21 départ à 9h, je salue un pécheur qui vient d'attraper une magnifique dorade depuis la jetée du port. Il n'y a pas de vent. La mer est plate. Je vois un super vol d'un poisson volant, le long du bateau, qui se termine par un plongeon à l'horizontal. Un grain passe à droite, un deuxième à gauche. Le troisième pour moi. Au passage du cap Sa Vicente grand coup de sirène depuis le phare. Inquièt je me demande si on veut me prévenir d'un danger imminent. Je réduis les gaz, plonge sur la carte du GPS. Rien à signaler. Peut-être me salue-t-on? En fait c'est la corne habituelle du phare.Cabo San Vicente De ce côté la côte est plus sauvage. Une côte de falaises et la houle qui se fracasse dessine une ligne blanche. Le ciel donne tous les tons de gris. Le vent se lève au SW. Je mets les voiles à 18h. Attendant une bascule de vent au NW qui doit être forte (d'après Arnaud) je mets le cap plus à l'ouest en espérant atteindre Sines. J'apercois beaucoup de dauphins qui font route à la perpendiculaire à la mienne. Ils viennent faire un tour sous le bateau et s'en vont. cela dure toute la soirée et le lendemain matin. Coup de téléphone satellite quotidien à Noelle à 20 h. Le vent monte à 20 noeuds et un peu plus. C'est un régal le bateau avance bien. J'ai enroulé une partie du génois. Je regrette de ne pas avoir pris de ris. Mais j'évite si possible d'aller en pied de mat la nuit quand il y a de la houle. C'est tellement agréable d'avoir du bon vent dans la bonne direction que je décide de continuer jusqu'à Cascais. La houle est forte plus de 2m de creux. Je ne dors pas. Je n'ai apercu qu'un seul bateau trés loin dans la nuit. La lune était derrière les nuages. Le bateau va vite. Mais à 6h le vent bascule de 130 degrés vers le NW et tombe (La véritable bascule aura lieu en fin d'aprés midi). Moteur dans la grosse houle. Je prends 3 fois 20 mn de repos somnolents. Il fait gris, il pleut. J'en ai marre, j'aimerais être arrivé. J'arrive au port à 14h. Cascais est une petite ville agréable. Il y a aussi beaucoup de touristes anglais ou américains, mais cela n'a pas le côté artificiel de Vila Moura. Quelques bateaux de pêche sont au mouillage devant la ville avec de belles couleurs associées au passage de la petite dépression.cascais, pécheurs au mouillage Les rues sont étroites et animées. je pense repartir le lendemain samedi. Je me couche tôt, aprés avoir dégusté des sardines grillées. Le samedi matin (aujourd'hui) lever à 5h. Mais la météo annonce que le vent sera nord avec une houle de 3m50. Je me recouche.

Voila je suis dans un cyber. Il pleut puis il fait du soleil. C'est déjà un peu la bretagne, mais encore du chemin à tracer.

Daniel